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Réputé cruel, le destin peut aussi être farceur. La finale du tournoi de tir à l’arc des Jeux paralympiques dans la catégorie W1, réservée aux archers dont le handicap est le plus lourd, a lieu, dimanche 1er septembre, sur l’esplanade des Invalides (7e arrondissement de Paris). L’épreuve se déroule en face de l’hôpital militaire où Damien Letulle, 51 ans, qui a disputé les Jeux olympiques d’Atlanta chez les valides en 1996, a effectué sa rééducation après un accident qui a failli lui coûter la vie. Il est atteint d’une tétraplégie partielle et conserve une certaine mobilité des membres supérieurs.
C’était en 1997. Le Normand – il est né à Bayeux et a grandi près de Cherbourg (Manche) –, avait alors 24 ans. « Pendant longtemps, je suis resté rétif à l’idée de me remettre au tir à l’arc. Je ne concevais pas le sport de haut niveau dans un corps qui ne fonctionne pas à 100 %. Je ne voyais pas la notion de compétition dans le handisport, confie l’intéressé. Et puis, en 2017, quand j’ai appris que les Jeux seraient à Paris, je me suis dit que ça valait le coup de m’investir à fond pour y participer. »
« Cela résume le personnage, commente son ami Sébastien Flute, champion olympique à Barcelone en 1992 et directeur sportif du tir à l’arc au sein du Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024. C’est quelqu’un d’entier et de généreux. Une fois qu’il a décidé quelque chose, il y met toute son énergie. »
« Cela fait trente ans que je le connais. C’est une forte personnalité, il a un très gros mental. Après son accident, il s’est accroché, il n’a jamais lâché », confirme Ludovic Cotry, ex-entraîneur de l’équipe de France paralympique de tir à l’arc et conseiller technique auprès de la fédération française.
C’est le soir du 7 novembre 1997 à la cafétéria de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), dans le bois de Vincennes, à Paris, que la vie de Damien Letulle a basculé. « Nous fêtions mon anniversaire, se remémore M. Cotry. Damien est monté sur le toit-terrasse de la cafétéria et s’est assis sur un hublot, qui a cédé. Il a fait une chute de cinq mètres sur la tête, ce qui a fait exploser son crâne et brisé sa colonne vertébrale. A l’hôpital, un chirurgien a dit que s’il survivait, il resterait tétraplégique et que seules ses paupières pourraient bouger. »
Lorsqu’il sort de l’hôpital, en 1998, Damien Letulle intègre pendant un an l’Institution nationale des Invalides, un centre de rééducation habituellement réservé aux soldats français blessés en opération. Le chemin de la reconstruction a été semé d’embûches. Dans les moments de souffrance, son sens de l’humour se révèle salvateur. « Nous avons vite recommencé à nous chambrer, en mode : “Pas de bras, pas de chocolat.” C’était sa façon à lui de survivre », glisse Ludovic Cotry. Sa force de caractère impressionne. « On a retrouvé assez rapidement le Damien rageur et motivé », se rappelle Sébastien Flute.
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